Critérium des Porteurs de Journaux - 20 Mar 1932


From Le Miroir des Sports (France), 22 Mar 1932:

Départ du Critérium des Porteurs de Journaux, rue Réamur
L'arrivée du vainqueur, Soulimant, Place du Tertre
"A travers Paris avec les porteurs de journaux"

From Match l'Intran (France), 22 Mar 1932:

Le Critérium Cycliste des Porteurs de Journaux

Un passage de peloton de tête qui commence s'étirer sur le pont de Passy
Le départ des 150 concurrents devant l'Hotel de l'Intransigeant
Un passage des premiers concurrents au contrôle de la Porte Maillot
Le vainqueur aux côtes de sa femme, tenant son enfant dans ses bras
L'arrivée, place du Tertre, du vainqueur de l'épreuve, le porteur de l'Intran, Soulimant, qui bat de 3 minutes le record de l'épreuve.
Lancer, un beau matin de dimanche - et le premier dimanche de printemps, s'il vous plait - plus de 150 coureurs cyclistes par les rues de Paris, semble un gageure. Elle est pourtant tenue chaque année. Et chaque année le succès de l'épreuve dite Critérium Cycliste des Porteurs de Journaux, va grandissant. Il faut dire que, grâce à la bonne collaboration de tous, et même de la foule si initiative et si sportive de Paris, tout est failité, les difficultés aplanies, et même tout péril écarté. Mais aussi, porter le sport à la porte de chacun, sous les fenêtres des tard-levés dominicaux, n'est-ce pas une faveur qui mérite récompense?

Tout le monde sait, maintenant, en quoi consiste l'épreuve. Les porteurs de journaux - qui n'ont pas le droit de revêtir une tenue de course, sur leurs vélos de travail, alourdis de quinze kilos de charge, doivent couvrir dans Paris, et parmi ses embarras, une distance de plus de 27 kilomètres. Ils doivent se défier de l'asphalte fraîchement arrosé, des rails de tramways et de toutes les difficultés nées de circulation - mais celles-ci, ils les pratiquent quotidiennement.

Enfin, ils terminent par le dure montée, sur des pavés quelque peu de guinguois, de la rue Lepic, pour aboutir au sommet de Montmartre, au point culminant de Paris. Or, sachez bien que la rue Lepic mesure près de 800 mètres de long et que son ascension nécessite l'effort final. Ajoutons que le vainqueur du dernier critérium a couvert le parcours en 54' 54", abaissant de trois minutes de record difficile à battre. Et si vous voulez bien faire un facile calcul, vous vous apercevrez que le meilleur a couru à une moyenne égale, sinon supérieure à 30 kilomètres dans l'heure. C'est là une chiffre intéressant et qu'on retrouve dans de belles courses cyclistes. Il est évident qu'ici les coureurs sont en plein effort dès le début, qu'ils ne songent nullement à s'attendre ou à s'observer, et qu'on ne manque jamais de meneurs ou de rouleurs de caisse.

C'est la rivalité de tous les jours qui divise sportivement les hommes. Ils font le simulacre - avec des jetons - de déposer des journaux à un kiosque déterminé. Tous les soirs, plus précisément, ils se livrent à cet exercice, et la concurrence agit tous les soirs.

Le vainqueur, André Soulimant, porteurs à l'Intransigeant, agé de 21 ans, jeune gar¸on blond et timide d'aspect, fit une course de rare courage. Des qu'il eut atteint la rive gauche, c'est-à-dire après un quart du parcours, il partait en tête, remontant le seul adversaire qui s'était détaché devant lui. Et dès lors, poursuivant seul son effort avec un entêtement farouche, il gardait le meilleur jusqu'au bout.

Il précédait ses suivants immédiats de près d'une minute à la place du Tertre. Et c'étaient pourtant quatre hommes de la même équipe, dont deux anciens vainqueurs de ce même Critérium, Dutot et Lenoir, qu'escortaient Jamin et Lebreton. Je sais bien que la course d'équipes est assez difficile dans Paris et que l'homme seul y est moins désavantagé que sur la route. Il n'empêche que quatre devraient mieux faire qu'un. Derrière ces hommes se pla¸ait Botchaco, le récent vainqueur du Critérium des Messageries Hachette, peut-être moins biens préparé à la dure épreuve qu'est le Critérium parisien.

Il n'est pas question de parler ici de tous ceux qui, avec un chance plus ou moins grande, se classèrent en bon rang dans cetter course. Il convient de leur décerner à tous une pareille somme d'éloges. Durs à la peine quotidienne, courageux, adroits, les porteurs de journaux de Paris pratiquent le métier le plus sportif qui soit. C'est peut-être pourquoi, le jour de la course venu, ils savent si bien se metter à la hauteur des circonstances.

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